lundi 11 février 2013

Un voleur de cavaliers


Il existe une source d’information très intéressante pour la recherche au sujet du Café de la Régence. Il s’agit de la revue « L’intermédiaire des chercheurs et des curieux ».
Le site GALLICA permet sa consultation en ligne de tous les volumes de 1864 (année de sa fondation) à 1936.
C’était une revue participative dans laquelle tout un chacun pouvait poser une question et un lecteur répondait dans une édition suivante s’il avait la réponse, sur des sujets très divers (histoire, géographie, sciences, etc…).

Il semble même que la revue existe encore !? En tout cas il existe un site internet dédié.

Bref dans son édition de juillet 1903 (volume 48) trouvé sur le site de la BNF en ligne « Gallica », se trouve une description du Café de la Régence en 1832 que je n’avais lu nulle part ailleurs. 
Il est néanmoins dommage que la référence du texte ne soit pas mentionnée par la revue.

Pour rappel nous sommes en 1903 et le propriétaire, Joseph Kieffer, cède sa place à Lucien Lévy (nouveau propriétaire) pour une raison que je ne connais pas. 
Ce changement de propriétaire laissa même à penser que la fin du Café de la Régence était proche. Pour le moment j’ignore tous des éléments de ce changement vers 1903.
Le Café subit alors une transformation importante avec ce changement de propriétaire.
Ceci explique le début du texte.

En 1832 il s’agit bien entendu du Café de la Régence sur son emplacement « primitif » de la Place du palais-Royal et nous sommes deux ans après les évènements de 1830 qui ont impliqués des travaux de rénovation conséquents. Le propriétaire est alors Monsieur Evezard.

Le Café de la Régence en 1832

Au moment où l’on transforme ce célèbre établissement, il peut être intéressant d’en lire la description originale suivante, d’après un journal de l’époque.

Le Café de la Régence s’est entièrement mis à la mode : la salle triangulaire qui le compose est tapissée de glaces ; on n’aperçoit pas un seul point de muraille. Le comptoir est élégamment décoré, et la limonadière y est brillante et affable ; tout y respire la civilisation et les belles manières. Cependant, l’observateur qui, ne s’arrêtant pas dans la première et étroite enceinte, formée par ce que j’appellerai le sommet du triangle, pénètre plus loin et s’avance au-delà du poêle, retrouve les traits de physionomie première.

Voici les joueurs d’échecs : leur attention, leur air de supériorité, leurs chants à demi-voix, leurs tremblements nerveux, l’agitation musculaire de leurs traits et la rapidité des mouvements de leurs mains, révèlent et leur occupation et leur talent. Point d’élégance dans les échiquiers ; ils sont primitifs ; mais pour les joueurs du Café de la Régence, il faut que le cavalier ait sa tête de cheval ; et comme les tourneurs de Paris ne façonnent pas ainsi cette pièce, le maître de l’établissement en a une provision toujours prête. Il y a quelques années, tous les cavaliers disparaissaient chaque soir. On observa, et l’on reconnut qu’un des habitués du jeu d’échecs avait la singulière manie de mettre les cavaliers dans sa poche ; on les lui fit payer.
On loue l’échiquier par heure au Café de la Régence ; le soir, le prix augmente à cause des deux chandelles placées sur les côtés du damier.
Depuis les deux chandelles, que de chemin parcouru par le luxe !

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